[COLLOQUE] 800e anniversaire de la naissance de saint Bonaventure

Les 5 et 6 mai, un colloque sur saint Bonaventure est organisé, quel est son objectif ?

Nous fêtons cette année le huit-centième anniversaire de la naissance de saint Bonaventure (1217 à Bagnoregio, en Italie). Le docteur séraphique est tout d’abord fêté par la famille franciscaine (il fut le septième ministre général des frères mineurs) et par tous ceux qui sont attachés à saint François, dont il fut l’un des biographes. Mais au-delà, comme Bonaventure fut également un maître de grand renom à l’Université de Paris, cet anniversaire concerne particulièrement le monde des intellectuels et des universitaires, philosophes, théologiens, historiens. Enfin, Bonaventure a été canonisé au XVe siècle, puis proclamé Docteur de l’Église : à ce titre, ses écrits méritent notre plus grande attention, et lui-même est pour nous un intercesseur de choix, tout particulièrement dans le domaine de l’unité des chrétiens.

Quelle est la modernité de saint Bonaventure ?

Bonaventure n’est pas un moderne, et c’est tant mieux ! C’est en cela qu’il nous est utile et son enseignement particulièrement profitable. Là où nous ne cessons de promouvoir « l’autonomie », Bonaventure nous rappelle que la dépendance, bien comprise, est bonne. Là où nous avons tendance à parler du silence de Dieu voire de son impuissance, Bonaventure nous rappelle qu’Il est tellement proche de nous que nous n’arrivons pas à y croire, et qu’Il est si puissant qu’Il mène l’histoire à son terme tout en respectant le libre arbitre des hommes. Là où nous imaginons comme seul modèle de développement le pillage des ressources naturelles, Bonaventure nous invite à voir dans le monde, non pas une « ressource » économique, mais un don que Dieu nous confie et qui nous parle de Lui, si nous apprenons à le voir. Là où l’argent, le néant, ou une idée complètement abstraite de l’homme, sont érigés en « valeurs » suprêmes, Bonaventure proclame que c’est le Verbe qui est au centre de tout et qui donne sens à tout.
Quelle est la place du Corps et de l’Esprit dans la spiritualité de saint Bonaventure ?

Comme tous les auteurs chrétiens bien formés et enracinés dans les Écritures, saint Bonaventure considère que le saint n’est pas celui qui a évacué ou supprimé sa propre chair pour devenir un pur esprit, mais un homme de plus en plus unifié intérieurement, corps et âme, par l’Esprit de Dieu. C’est pourquoi Bonaventure propose une spiritualité qui s’appuie sur les différentes capacités de l’homme : ses expériences quotidiennes, ses sens (ce qu’il appelle la théologie symbolique), son imagination, son affectivité, son intelligence, ses capacités de contemplation. Par différents exercices, le docteur séraphique nous permet ainsi de nous laisser « hiérarchiser », remettre en ordre et remettre debout, par la grâce. L’homme spirituel apparaît donc non pas comme celui qui est devenu un pur esprit, mais au contraire comme quelqu’un qui est enfin unifié, parce qu’il vit par, avec et en Dieu. C’est ainsi que Bonaventure relit la vie de François d’Assise.