La fraternité, enjeu politique et spirituel

Le corps social, comme le corps biologique, a besoin qu’on prenne soin de lui. Or, force est de constater que nous avons à son égard peu d’attention, l’accablant de nouvelles qui ne font que l’enfiévrer ; les scandales à répétition l’agressent, le blessent.
La Société, dit-on, ne serait plus réformable pour être précisément déformée par cette absence du care, un traitement si oublié que la cohésion sociale est en rupture.
Comment peut-il en être autrement quand les plus jeunes de la Société s’interrogent sur leur possibilité d’être des membres à part entière de ce corps qui, corseté, ne parvient pas à leur faire de place, observant combien ils peinent à trouver un premier travail, un toit.
Il y a aussi tous ceux qui se sentent rejetés, à commencer par les enfants : plus de 2 millions en France, vivent une telle pauvreté que leur avenir est compromis.

Le corps social voit sa capacité d’accueil affectée par la crainte de l’autre, d’où une régression qui l’abîme. Ces maux ne peuvent guérir que si ses membres s’inscrivent dans une vigilance réciproque introduisant deux voies possibles :

  • La fraternité, un enjeu politique et un enjeu spirituel conduisant tout homme de bonne volonté et les hommes de foi à entrer en résistance pour que la question : « Qu’as-tu fait de ton frère ? » ne reste pas sans réponse.
  • Le développement d’une démocratie participative accompagnée d’une nouvelle économie qui, dans la perspective de la solidarité, introduit la non-violence ; Gandhi, qui en est le père, rappelle combien il fut influencé par Léon Tolstoï, l’auteur du « Faux Coupon ».

Ces deux voies ne sont envisageables que si elles sont traversées par une attention à la fragilité et un esprit de résistance, entendu au sens d’être des veilleurs de l’espérance pour ne point être des fossoyeurs de l’Incarnation.

Bernard Devert, fondateur d’Habitat et Humanisme