Servir l’éducation des jeunes en faisant confiance
avec le père Bernard Lamy [1640-1715], par le père Gilbert Caffin
avec le père Bernard Lamy [1640-1715], par le père Gilbert Caffin
(Texte extrait d’une conférence donnée par le Père Gilbert Caffin à l’occasion du 400e anniversaire de l’Oratoire de France, en 2011, qui fera l’objet d’une publication sous le titre « Grandes figures de l’Oratoire », Cerf, 2013).
Contemporain des deux oratoriens présentés durant les dernières soirées, Bernard Lamy nous permet de mieux suivre cette génération du règne de Louis XIV. Il est un grand témoin de l’effort que ces hommes ont accomplis pour répondre à la tâche éducative imposée à l’Oratoire. À la mort de Bérulle, 21 collèges sont ouverts dans tout le royaume − surtout dans les villes moyennes afin de ne pas faire trop concurrences aux jésuites −, ainsi, de Dieppe en 1614 à Boulogne-sur-Mer en 1629, puis huit nouveaux de 1630 à 1713. Une trentaine donc à l’époque envisagée. D’autres seront repris après l’expulsion des jésuites en 1762.
Parmi les prêtres du premier Oratoire qui produisent des œuvres pédagogiques, Bernard Lamy, après avoir lui-même exercé son ministère en différents collèges durant de nombreuses années, apparaît comme ayant réalisé le mieux la synthèse du projet éducatif oratorien. Ses ouvrages eurent une grande influence en son temps mais aussi durant le XVIIIe siècle, principalement sur Jean-Jacques Rousseau et Montesquieu.
Il faut noter une pratique, chère à cette période : celle d’impliquer les Pères en recherches savantes auprès des praticiens de terrain. Le Père Thomassin, théologien de renom, écrit des « Arts d’enseigner » différentes disciplines. Nicolas Malebranche n’est pas étranger à ce qui s’enseigne dans les collèges. Un Père Morin publie au nom du Conseil de la congrégation une Ratio Studiorum en 1645, hélas aujourd’hui perdue. Et bien d’autres s’y consacrèrent en plus de leurs études. Bernard Lamy, ayant quitté les collèges pour enseigner la philosophie dans les maisons universitaires de l’Oratoire − à Saumur puis à Angers −, s’intéresse à l’étude des mathématiques et de la rhétorique au point d’écrire des livres destinés à la formation des enseignants. Il fut longtemps un maître à penser.