Des Oratoriens méditent la Bible – Luc Forestier (16.11.2015)

1er livre des Maccabées 1, 10-15.41-43

En ces jours-là, sortit de la descendance des successeurs d’Alexandre le Grand un rejeton impie, Antiochus Épiphane, fils du roi Antiochus, qui, d’abord otage à Rome, devint roi l’an 137 de la royauté des Grecs.

En ces jours-là surgit d’Israël une génération de vauriens qui séduisirent beaucoup de personnes en disant : « Allons, faisons alliance avec les nations qui nous entourent, car depuis que nous nous sommes séparés d’elles, bien des maux nous sont advenus. » Ce discours leur parut bon. Plusieurs parmi le peuple s’empressèrent d’aller trouver le roi, qui leur donna l’autorisation d’observer les coutumes païennes. Ils construisirent donc un gymnase à Jérusalem, selon les usages des nations, se refirent des prépuces et renièrent l’alliance sainte pour s’associer aux nations. Ils se vendirent pour faire le mal. […]

Le roi publia ensuite dans tout son royaume l’ordre de n’avoir à former tous qu’un seul peuple et de renoncer chacun à ses coutumes : toutes les nations se conformèrent aux prescriptions royales. Beaucoup d’Israélites firent bon accueil à son culte, sacrifiant aux idoles et profanant le sabbat.

(1er livre des Maccabées 1, 10-15.41-43)

Méditation

Du livre dont nous commençons aujourd’hui la lecture, il vaut la peine de lire tout ce premier chapitre car nous n’avons ici que quelques extraits, déjà saisissants. Si nous sommes renvoyés au choc de la rencontre entre l’hellénisme, ici représenté par une partie de la succession d’Alexandre le Grand, et le judaïsme, représenté par la famille des Maccabées qui va s’illustrer pendant ces deux livres pleins de fureur, la description des violences politiques et religieuses trouve un écho profond dans notre actualité, au point qu’on peut avoir l’impression d’un éternel retour des mêmes spirales de haine !

Mais, au-delà de ce rapprochement, le projet politique du roi – faire un seul peuple – reprend naturellement le rêve d’Alexandre, et correspond sans doute à notre profond désir de vivre dans l’unité alors même que nous faisons l’expérience d’existences fragmentées, de familles aux relations complexes, de sociétés au bord de la rupture, d’une humanité sans cesse déchirée. Qui ne rêve d’une vie cohérente, d’une famille réunie, d’une société pacifiée et d’une humanité réconciliée ? Ce désir du roi rencontre aussi les attentes au moins d’une partie du peuple d’Israël et séduit par sa simplicité. Hélas, cette recherche d’unité passe par la volonté d’écraser tous les éléments visibles de diversité, en réduisant l’originalité d’Israël, en éliminant les signes de l’Alliance que Dieu conclut avec le peuple juif.

Les chrétiens que nous sommes se présentent dans le monde comme les héritiers directs de ce choc entre Grecs et Juifs, ce qui nous aide à mesurer à quel point l’unité que Dieu veut et à laquelle nous aspirons doit se garder de tout geste de violence face à une diversité qui appartient au projet divin. Que Dieu nous aide à être à la hauteur du patrimoine métissé dont nous sommes les porteurs !

Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire à Paris