Des Oratoriens méditent la Bible – Luc Forestier (18.03.2015)
1ère lecture du jeudi 18 février 2016 et fête de sainte Bernadette.
1ère lecture du jeudi 18 février 2016 et fête de sainte Bernadette.
En ces jours-là, la reine Esther, dans l’angoisse mortelle qui l’étreignait, chercha refuge auprès du Seigneur. Se prosternant à terre avec ses servantes du matin jusqu’au soir, elle disait :
« Dieu d’Abraham, Dieu d’Isaac, Dieu de Jacob, tu es béni.
Viens à mon secours car je suis seule,
et je n’ai pas d’autre défenseur que toi, Seigneur.
Car je vais jouer avec le danger […]
Dans les livres de mes ancêtres, Seigneur,
j’ai appris que ceux qui te plaisent,
tu les libères pour toujours, Seigneur.
Et maintenant, aide-moi, car je suis solitaire
et je n’ai que toi, Seigneur mon Dieu.
Maintenant, viens me secourir car je suis orpheline,
et mets sur mes lèvres un langage harmonieux
quand je serai en présence de ce lion ;
fais que je trouve grâce devant lui,
et change son cœur :
qu’il se mette à détester celui qui nous combat,
qu’il le détruise avec tous ses partisans.
Et nous, libère-nous de la main de nos ennemis ;
rends-nous la joie après la détresse
et le bien-être après la souffrance. »
(Livre d’Esther 4, 17 n…hh)
Deux femmes nous aident aujourd’hui à comprendre comment se situer à l’intérieur des joies et des difficultés de toute existence humaine. Le christianisme ne nous extrait pas de l’ambivalence du monde, mais ne nous laisse pas non plus sans ressources face aux jours de tempête ou aux jours trop calmes que nous traversons. Deux femmes, situées à des siècles de distance, mais surtout placées socialement à deux extrêmes, Esther qui est reine, Bernadette qui a connu le « cachot », comme on désigne la méchante pièce où s’entassait sa famille dans les années difficiles qui précèdent les apparitions de la Belle Dame.
Esther, prisonnière de la cour, de ses violences et de ses manœuvres, trouve dans le patrimoine du peuple auquel elle appartient les forces intérieures qui lui permettent de tenir face à son époux terrible et à des courtisans fielleux. C’est dans le « livre de ses ancêtres » qu’elle reprend espoir et se met à prier en se préparant.
Bernadette, prisonnière des fonctionnements économiques d’une époque rude pour les pauvres et des a priori religieux d’un christianisme qui n’aime pas être dérangé, trouve dans les ressources spirituelles reçues au catéchisme de quoi décrypter ce qui lui arrive, avec des réponses déconcertantes de simplicité et de force.
Pour nous, dans une époque troublée politiquement et religieusement, de manière analogue à celles d’Esther et de Bernadette, le christianisme offre uniquement une Parole de libération, mais celle-ci prend corps dans l’histoire, ce qui nous permet de bénir Dieu et de servir l’humanité sans perdre cœur.
Luc Forestier, prêtre de l’Oratoire à Paris