« Un si grand besoin d’écoute » par Gérard Seibel, Président de La Soupe Saint-Eustache

Le récent rapport annuel du Secours Catholique montre que le premier besoin exprimé par les personnes en situation de pauvreté est l’écoute, devant les demandes d’aide financière ou même alimentaire. A l’origine de la pauvreté on trouve souvent une rupture, un divorce et donc une situation monoparentale, le chômage, la précarisation des étrangers, l’isolement social, notamment des personnes âgées.

Ces personnes démunies ont besoin d’un accueil humain, de reconnaissance, d’un lien social pour exister, exprimer leur détresse. Les écouter est le premier pas pour leur permettre d’affronter la réalité, de « se reconstruire ».

Que faire pour lutter contre ce dénuement, cette solitude des personnes que nous croisons quotidiennement sans parfois nous en rendre compte? Déjà être conscients de ce dénuement, de cette solitude, savoir qu’un simple regard peut être un appel au secours qu’il faut entendre. Qu’ils soient de La Soupe, de la Pointe, de l’Accueil, des Visiteurs ou d’autres associations du quartier comme Aux Captifs la Libération, Noël aux Halles ou la Bagagerie Mains Libres, les bénévoles sont confrontés à ce besoin d’écoute. Chacun tente d’y répondre à sa façon, selon ses moyens, sa disponibilité, sa capacité d’écoute. Quelle satisfaction alors quand Christiane, un soir de Soupe, vous dit « ici on est considéré, écouté, cela me donne du courage, je reviendrai » ! Ce cri du cœur est loin d’être unique.

Suivons l’exemple du Pape François, qui a accueilli pendant trois jours lors du récent pèlerinage Fratello à Rome, 600 parisiens parmi 3500 pèlerins en situation précaire. Le Pape « a pris les gens dans ses bras. C’est si rare, de voir que les pauvres sont acceptés et aimés ». Quel acte de charité !

Guidé par l’esprit de ce « Pape des Pauvres », Saint-Eustache se doit de continuer à mettre la Fraternité, l’écoute de l’autre au cœur de ses engagements. Cette écoute a tout son sens dans ce quartier historique de Paris, carrefour de l’Ile de France au centre de toutes les détresses et fragilités. Elle s’est exprimée encore récemment le soir de Noël, lorsque « invités », bénévoles, paroissiens ont chanté Noël d’un seul cœur (…)

Gérard Seibel,
Président de La Soupe Saint-Eustache