Evangile du mardi 7 décembre 2021
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples :
Quel est votre avis ?
« Si un homme possède cent brebis et que l’une d’entre elles s’égare, ne va-t-il pas laisser les quatre-vingt-dix-neuf autres dans la montagne pour partir à la recherche de la brebis égarée ? Et, s’il arrive à la retrouver, amen, je vous le dis : il se réjouit pour elle plus que pour les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées. Ainsi, votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu’un seul de ces petits soit perdu. »
Matthieu 18, 12-14
Méditation
Des brebis perdues (ou libérées !) se sont éloignées l’une après l’autre et de plus en plus vite depuis quelque temps de l’Eglise, mais de quelle Eglise s’agit-il ? Les rangs se sont clairsemés dans les nefs, les chaises sont de plus en plus vides. « Mes chères chaises vides » auxquelles prêchait un jour notre ancien curé et ami… L’évangile de ce jour m’interpelle car où me situer ? Comme prêtre, je suis responsable de cet abandon pour n’avoir pu ou su porter l’Evangile à celles et ceux qui m’étaient confiés, et témoigner de son éternelle nouveauté, vivre de ses exigences, victime des dogmes à revisiter et d’une morale passéiste que l’institution me contraignait à défendre ? Certainement un peu.
A moins d’être moi-même, depuis longtemps, de ces brebis qui quittent le troupeau ne me trouvant plus à l’aise dans la bergerie dont administrativement je fais partie mais qui me paraît tellement étrangère à cet Evangile que je tente de servir. Certainement !
Pasteur dévoyé ou brebis perdue mais libérée…
Au fond de moi-même, je sais que j’appartiens plus que jamais à cette communauté de baptisés, qui seule pour moi mérite le nom : Eglise (Lumen gentium. Ch 2 Vatican II !)
Une Eglise en marche, victime de son organisation toute humaine et mortifère, nécessaire mais toujours à purifier, où demeurent certes des brebis profondément fidèles à leur baptême, engagées et souffrantes, mais aussi pour certaines restant par routine dans des murs qui ne peuvent que se vider, tant le retour vers le passé, blessure pour l’Eglise nous dit François, ne saurait témoigner de l’appel au grand large de la mission chrétienne, aux périphéries.
L’urgence n’est pas de retenir les brebis dans le toujours fait, mais, avec elles, oser regarder les pâturages nouveaux que sont leurs villes ou leurs villages, là où le Seigneur les invite à vivre l’Evangile dans une société qui bouge.
Berger souffrant comme prêtre, sans bouger pour ses brebis perdues, ou brebis perdue mais pour moi libérée ? La question m’est posée, au niveau de ma conscience. J’ai la réponse en côtoyant tant d’amis qui avec moi quittent le bercail, mais se retrouvent sous différentes formes dans cette communauté des baptisés à laquelle, ensemble nous appartenons, souffrant mais espérant.
Oui, avec tous ces baptisés plus ou moins perdus, mais qui cherchent… jusqu’à quand ? J’espère.
Michel Dupuy, prêtre de l’Oratoire à la Valfine, Jura
Version pdf imprimable N&B en format A4 :
Illustration : Le chapiteau du Bon pasteur, abbaye Saint-Georges de Boscherville, Saint-Martin-de-Boscherville (76)