Transmettre ce que nous avons reçu
Méditation biblique du P. François Picart
Méditation biblique du P. François Picart
1ère lecture du jeudi 3 mars 2022
Moïse disait au peuple : « Vois ! Je mets aujourd’hui devant toi ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. Ce que je te commande aujourd’hui, c’est d’aimer le Seigneur ton Dieu, de marcher dans ses chemins, de garder ses commandements, ses décrets et ses ordonnances.
Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession. Mais si tu détournes ton cœur, si tu n’obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d’autres dieux et à les servir, je vous le déclare aujourd’hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession quand vous aurez passé le Jourdain.
Je prends aujourd’hui à témoin contre vous le ciel et la terre : je mets devant toi la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui ; c’est là que se trouve ta vie, une longue vie sur la terre que le Seigneur a juré de donner à tes pères, Abraham, Isaac et Jacob. »
Deutéronome 30, 15-20
« Transmettre ce que nous avons reçu »
« Choisis donc la vie, pour que vous viviez, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix, en vous attachant à lui » propose Moïse au peuple de Dieu en prenant à témoin le ciel et la terre. Les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’écosystème du vivant donnent à cette injonction de Moïse une actualité bien singulière. Car choisir la vie pour nous et les générations futures suppose de nous convertir à un mode de vie qui, précisément, en rende possible la transmission, au lieu de menacer de l’éteindre.
Longtemps concentré sur sa propre existence, voire, pour certaines traditions spirituelles, sur son accès à la « vie éternelle », aux dépens de son impact sur les autres êtres vivants, l’être humain s’est laissé entraîner dans une spirale biaisée, l’aveuglant sur les désordres provoqués par un modèle de développement mortifère pour l’ensemble de l’écosystème.
Aujourd’hui, « Choisir la vie » et « marcher sur les chemins du Seigneur » à la lumière de Pâques, conduit à éclairer notre cheminement d’une prise de conscience qui s’est davantage développée dans la tradition orientale du christianisme, que dans celle qui a dominé en Occident latin. Selon l’hymne de la Lettre aux Éphésiens, qui bénit Dieu de nous « avoir choisis dans le Christ avant la fondation du monde pour que nous soyons saints », la mesure de l’action de Dieu est de « récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre ». Dans le mystère de Dieu, créateur et sauveur, sagesse, bonté, miséricorde et pardon sont autant de notions qui n’isolent pas l’être humain du vivant. Marcher sur les chemins du Seigneur suppose, au contraire, de réduire en nous la part d’indisponibilité au souffle de l’Esprit qui nous convertit à mieux relier l’être humain avec l’écosystème du vivant, en prenant soin de tout ce qui est vulnérable, afin de, là aussi, transmettre ce que nous avons reçu du Dieu vivant.
François Picart, prêtre de l’Oratoire à Paris
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Illustration : Moïse, Michel-Ange, Tombeau de Jules II, Basilique Saint-Pierre-aux-Liens, Rome, 1513-1515.