Les raisons d’un départ et d’un au-revoir, par François Picart

L’Oratoire de France a décidé de rassembler ses forces en Ile-de-France, afin de poursuivre ses missions au service de la Paroisse de Saint-Eustache (Diocèse de Paris), à celui des étudiants réunis au sein de ses deux maisons parisiennes (Saint-Philippe Néri et Pierre de Bérulle) et dans la tutelle de quatre établissements scolaires (Saint-Martin-de-France à Pontoise, Saint-Philippe-Neri à Antibes, Massillon à Paris et Saint-Erembert A Saint-Germain-en-Laye).

Sept ans après l’arrivée d’une équipe d’oratoriens à Saint-Bonaventure (Lyon) et à Saint-Ferréol (Marseille), le Conseil de l’Oratoire a décidé de rendre l’animation de ces deux sanctuaires à leurs diocèses respectifs.

En effet, dans l’état actuel des forces de l’Oratoire, il n’était plus possible pour la Congrégation de continuer à assurer ce service. Comme d’autres réalités de l’Église, l’Oratoire est une société de prêtres d’une grande fragilité, notamment, en raison de son vieillissement et de l’éparpillement de ses membres.

L’été dernier, pour préparer les années qui viennent, les oratoriens réunis en session, ont décidé d’expliciter la mission de l’Oratoire dans les conditions actuelles. Pour y parvenir lors de la session de l’été prochain, nous avons consulté plus d’une centaine de personnes : oratoriens, membres des équipes pastorales de Saint-Eustache, de Saint-Bonaventure (Lyon), de Saint-Ferréol (Marseille), évêques, paroissiens, chefs d’établissement de l’école Massillon à Paris, de Saint-Martin-de-France à Pontoise, de Saint-Érembert à Saint-Germain-en-Laye, de Saint-Philippe Néri à Antibes-Juan-les-Pins, des membres des réseaux proches de la congrégation.

Il est ressorti de cette consultation un tableau contrasté : l’Oratoire est une société de prêtres d’une grande fragilité, en particulier en raison de son vieillissement et de l’éparpillement de ses membres. Ce constat n’est pas spécifique à la congrégation dont le nombre n’a jamais été très important. En même temps, notre société de prêtres conserve un réel capital de sympathie et de dynamisme spirituel que nous pouvons encore faire fructifier si nous arrivons à répondre aux attentes des différentes parties prenantes écoutées. S’il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père, nous faisons vivre une demeure, en incarnant un christianisme attentif à la dignité de la conscience humaine, « sanctuaire de Dieu » et à la singularité des parcours qui explicitent le mystère de la personne humaine appelée à participer à la vie de Dieu.

Cette décision de renoncer à l’animation de Saint-Bonaventure et de Saint-Ferréol fut difficile à prendre dans le contexte diocésain actuel et en raison des nombreux liens, souvent profonds, tissés avec les personnes qui, de près ou de loin, ont contribué à la mission de la Congrégation en particulier au service du diocèse de Lyon depuis de nombreuses années : à l’aumônerie de l’INSA, à Sainte-Madeleine à Villeurbanne, au séminaire Saint-Irénée, à l’Université catholique de Lyon, aux paroisses du Saint-Sacrement et de l’Immaculée-Conception, et plus récemment, à Saint-Bonaventure.

Sous l’impulsion de Luc Forestier, puis d’Antoine Adam, avec Armelle Pinon, laïque en mission ecclésiale, Françoise Zehnacker et Isabelle Vautherin à Lyon ; avec Hervé Giraud, Paul Carpentier, Etienne Labignette, James Cunningham, Marie-Hélène Tanti-Hardouin et Elian Spinelli à Marseille, les équipes rectorales ont développé de nombreuses propositions qui ont complété les services de liturgie et d’accueil qui faisaient la réputation de Saint-Bonaventure dans Lyon et de Saint-Ferréol à Marseille. Des initiatives y ont été prises au carrefour entre vie culturelle et vie spirituelle pour offrir offre des occasions d’approfondir les questions que l’homme d’aujourd’hui se pose.

Nous poursuivons nos missions dans le domaine de l’éducation, de l’accompagnement spirituel et de l’animation d’une présence chrétienne en centre-ville, avec la paroisse Saint-Eustache, confiée à la congrégation par le diocèse de Paris en 1922. Dans tous ces lieux, les oratoriens, pour servir et annoncer la Parole, ont le souci de préférer le sur-mesure au prêt-à-porter, les questions que pose la fidélité à une vocation baptismale plutôt que les convulsions identitaires.

Le Conseil de l’Oratoire et moi-même sommes conscients de la peine et de la tristesse provoquées chez les personnes qui participent, d’une manière ou d’une autre, à la vie de Saint-Bonaventure et de Saint-Ferréol, en particulier chez les salariés et les nombreux bénévoles engagés, avec les oratoriens, au service de ces deux sanctuaires. Je souhaite que ceux qui éprouvent cette tristesse comprennent les raisons qui ont motivé cette décision.

Dans la situation actuelle du clergé en France, puissions-nous ensemble, personnellement et en groupe, nous mettre à l’écoute de l’Esprit du Ressuscité, pour imaginer quelles formes de vie permettront à l’Oratoire de continuer de répondre à sa vocation et, qui sait, proposer ses services à un diocèse auquel la Congrégation demeure attachée. De la même manière, nous réfléchirons ensemble, lors de notre session annuelle d’été, et qui verra se réunir plusieurs dizaines d’oratoriens, de responsables éducatifs, de membres de la communion oratorienne et de paroissiens engagés, à la manière de maintenir des liens après notre départ de Lyon et de Marseille. C’est pourquoi nous redisons notre fidélité à ces années de partage à Lyon et Marseille, un message que nous rappellerons les 24 juin et 2 juillet, à Lyon et Marseille, lors de messes d’au-revoir.

François Picart, prêtre et supérieur général de l’Oratoire,