Les Juifs alors se mirent àdiscuter fort entre eux ; ils disaient : « Comment celui-làpeut-il nous donner sa chair àmanger ? »Ã‚ Alors Jésus leur dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l’homme et ne buvez son sang, vous n’aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel; il n’est pas comme celui qu’ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra àjamais. » Tel fut l’enseignement qu’il donna dans une synagogue àCapharnaüm.
(Evangile de Jean 6, 52-59)
Méditation
Les paroles de Jésus sur la vie qui habite son corps et son sang pourraient être comprises de façon quasiment mécanique, et cela les fausserait gravement. « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous… Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle… » Cela voudrait-il dire que, sans la communion eucharistique, on ne pourrait être sauvé ? Et que, a contrario, communier est un passeport pour l’éternité ? Si l’on en déduisait cela, ce serait terrible. Les milliards d’humains qui ne communient jamais seraient définitivement damnés. Et il suffirait d’accomplir un rite pour bénéficier du salut.
Que deviendrait alors la phrase du prophète Osée deux fois citée par Jésus dans l’évangile de Matthieu : « Je veux la miséricorde, non le sacrifice » ? Et cette autre où, au jour du jugement, le roi déclare àdes justes étonnés : « Ce que vous avez fait àl’un de ces plus petits de mes frères, c’est àmoi que vous l’avez fait » ? Non, recevoir un sacrement ne peut être un geste magique qui nous donnerait un pouvoir sur Dieu.
La force du pain et du vin eucharistiques est àcomprendre en contraste avec la manne dont Jésus parle àla fin du passage. La manne ne nourrissait que le corps, elle était destinée àun peuple particulier, et de façon temporaire. Elle aidait àatteindre une terre qui n’était qu’une petite partie de notre planète. Mais nous savons tous que cette planète s’éteindra un jour.
Autres sont la nourriture et la boisson que Jésus offre en livrant son corps. Donne-nous, Seigneur, de croire qu’elles nourrissent une vie impérissable que Dieu désire pour tous les humains.
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire àSaint-Bonaventure, Lyon