Des Oratoriens méditent la Bible. Michel Quesnel (07.08.2017)
Première lecture du lundi 7 août 2017
Première lecture du lundi 7 août 2017
Le ramassis de gens qui s’étaient mêlés au peuple fut saisi de fringale. Les Israélites eux-mêmes recommencèrent à pleurer, en disant : « Qui nous donnera de la viande à manger ? Ah ! Quel souvenir ! le poisson que nous mangions pour rien en Egypte, les concombres, les melons, les laitues, les oignons et l’ail ! Maintenant nous dépérissons, privés de tout ; nos yeux ne voient plus que de la manne ! » […]
Moïse entendit pleurer le peuple, chaque famille à l’entrée de sa tente. La colère de YHWH s’enflamma d’une grande ardeur. Moïse en fut très affecté, et il dit à YHWH : « Pourquoi fais-tu du mal à ton serviteur ? Pourquoi n’ai-je pas trouvé grâce à tes yeux, que tu m’aies imposé la charge de tout ce peuple ? Est-ce moi qui ai conçu tout ce peuple, est-ce moi qui l’ai enfanté, que tu me dises : ‘Porte-le sur ton sein, comme la nourrice porte l’enfant à la mamelle, au pays que j’ai promis par serment à ses pères’ ? Où trouverai-je de la viande à donner à tout ce peuple, quand ils m’obsèdent de leurs larmes en disant : ‘Donne-nous de la viande à manger’ ? Je ne puis, à moi seul, porter tout ce peuple : c’est trop lourd pour moi. Si tu veux me traiter ainsi, tue-moi plutôt ! Ah ! si j’avais trouvé grâce à tes yeux, que je ne voie plus mon malheur ! »
Nombres 11, 4…15
La crise ! On en parle beaucoup en ce début de XXIe siècle ! Si cela peut nous consoler, les crises ne datent pas d’aujourd’hui. Le peuple de la Bible en a connu plusieurs, dont celle-ci, qui se passe pendant le séjour au désert. On ne sait pas depuis combien de temps les Hébreux étaient sortis d’Egypte, mais déjà ils en avaient assez ; l’austérité des conditions de vie leur pesait. Et la nostalgie se met de la partie : l’Egypte… C’était si bien, l’Egypte ! Mieux vaut l’esclavage ancien que l’austérité actuelle. On en dit parfois autant dans le monde occidental contemporain : c’était tellement mieux hier… Et avant-hier… Alors que bien des injustices existaient : les femmes, par exemple, n’avaient pas le droit de vote, et elles ne pouvaient ouvrir un compte bancaire sans l’autorisation de leur mari ! C’était cela, le paradis ?
Nous pouvons nous reconnaître également dans Moïse lorsque lui aussi se plaint, mais à Dieu : « Tu m’as confié un peuple ingouvernable… C’en est trop ! Prends ma vie plutôt que de me faire porter une telle charge ! » Je crois entendre des grands malades et des vieillards très âgés qui n’en peuvent plus de supporter les conditions de vie qui sont les leurs. Là, se plaindre à Dieu est fort compréhensible.
Tant qu’il y aura des hommes, il y aura de la plainte. Certaines sont plus que légitimes. D’autres, nous ferions mieux de les faire taire. Aide-nous, Seigneur, à nous plaindre à bon escient.
Michel Quesnel, prêtre de l’Oratoire à Saint-Bonaventure, Lyon