Gloire à Dieu et Paix sur terre ! L’édito de la semaine

La nuit de Noël est hospitalière. Elle raconte une histoire que tous peuvent entendre : l’histoire d’une naissance. L’évangéliste, à la messe de la nuit, se fait conteur : « En ce temps-là, parut un décret de l’empereur César-Auguste ordonnant de recenser toute la terre… ». Dans le tableau il met les sans-grades aux premières loges : ce sont  les bergers, premiers avertis de ce qui arrive par des messagers célestes. Il donne aussi le texte du chant des anges : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ! ». Enfin il conduit son auditeur à l’humble crèche où l’on trouve le cœur de l’histoire, ramené à l’essentiel : l’enfant nouveau-né, sa mère Marie et son père, Joseph…

L’enfant… : on peut y voir – et souvent on se plaît à y voir d’abord – une image de la fragilité. Et ce n’est pas faux. Mais on peut y voir aussi un extraordinaire capital de virtualités, de possibles, qui ne sont pas encore révélés mais qui sont bel et bien là. L’enfant, l’Enfant de Bethléem singulièrement, est tout entier avenir. Il grandira et croisera les pas de tant de gens. Il n’ignorera personne. Il parlera aux gens et leur fera du bien.  Il ne fera que le bien.

Ceux et celles qu’il rencontrera, que leur dira-t-il ? Essentiellement, il les rappellera à leur à-venir. Tous en effet font l’expérience de l’usure de la vie : soit que les circonstances extérieures soient dures et adverses soit que les équations plus personnelles, intérieures, intimes n’aillent pas de soi. On peut être fatigué du présent et tenté d’esquiver l’avenir. On peut passer son présent à se raconter un passé re-composé, histoire de se rassurer à peu de frais.

Mais Jésus n’est pas homme de nostalgie. En lui plus encore qu’en tout autre résonne l’appel jadis adressé à Abraham (qui fait partie de son arbre généalogique) : « Lève-toi et va vers toi-même ». Jésus entraîne ceux et celles qui croisent ses pas dans ce même mouvement vers : vers Dieu, vers les autres et vers soi-même, dans une confiance sans cesse renouvelée en l’appel de Dieu. A ceux et celles qu’il rencontre, il lance toujours l’invitation : « suis-moi ! ». Chacun en fait ce qu’il peut ou ce qu’il veut.

L’actualité ne nous laissant jamais de répit, nous entrons dans ces fêtes de Noël 2016 avec des images de violence qui ne laissent d’interroger notre espérance et peut être de troubler notre cœur. De (re-)susciter notre amour aussi : compatir en vérité c’est aimer vraiment.

Noël : non pas l’échappatoire d’une « belle histoire » illusoire, non plus que la parenthèse d’une paix rêvée ou fantasmée… Noël : une brèche dans la nuit, une lumière douce et pacifiante dans les obscurités de l’histoire troublée des hommes. Un moment où terre et ciel se rapprochent. Un moment où se donne à voir un Dieu à visage humain.

« La gloire de Dieu c’est l’homme vivant », disait st. Irénée (2ème siècle). Tous les hommes de bonne volonté peuvent le chanter : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! et PAIX sur la terre aux hommes qu’il aime ! » Joyeux et paisible Noël à tous !

Gilles-Hervé Masson, dominicain, vicaire à Saint Eustache