Ouvrir l’église et les cœurs aux autres pour combattre la peur

L’hiver dernier a été sombre après les attentats qui ont touché le Bataclan et les terrasses de cafés parisiens. L’été ensuite a continué à être baigné par l’inquiétude avec les morts de la promenade des Anglais à Nice puis celle, alors qu’il célébrait la messe, du Père Jacques Hamel un matin de juillet à Saint-Etienne du Rouvray. Comment dans notre paroisse surmonter ces moments ? Yves, qui mène les activités à La Pointe Saint-Eustache le samedi, regrette que « les portes de l’église ne puissent pas être plus ouvertes, afin que les gens comprennent qu’il y a ici de la vie. Il ne faut pas se laisser enfermer. » La Soupe est une preuve de cette ouverture au monde voulue à Saint-Eustache. Louis-Philippe constate que de nombreux musulmans sont des invités de cette Soupe. Il estime que « ce serait intéressant de pouvoir partager entre chrétiens et musulmans à cette occasion, de connaître leur avis. » Louis-Philippe constate que le public fait souvent l’assimilation entre les musulmans et les migrants. A Arcachon, le curé a créé un groupe d’accueil pour les migrants

« Au début les gens avaient peur. » Des paroissiens se sont préparés pour prendre en charge en commun des migrants. Une quête est organisée deux fois par an pour leur venir en aide. « Est-ce que cette expérience pourrait être transposable à Paris ? » s’interroge-t-il. En attendant, le centre Cerise accueille des migrants qui veulent se mettre au français. Brigitte témoigne : « nous avons intégré huit jeunes Soudanais qui ne parlent qu’arabe et ne connaissent pas l’alphabet latin. Un bénévole les prend en charge deux fois deux heures par semaine. Une bénévole, étudiante d’origine algérienne, s’est portée volontaire pour assurer la traduction. Et ça marche ! »

Un autre paroissien de Saint-Eustache, Michel, assure que les homélies des prêtres l’ont aidé à surmonter sa peur. Des petites choses dans les attitudes des prêtres ont rassuré les paroissiens. « Aux grandes fêtes, le curé insistait à chaque messe pour nommer les jeunes militaires qui montaient la garde à l’entrée. C’était sympathique aussi de pouvoir partager un verre avec eux. » Philippe se souvient : « si le curé avait demandé, lors des évènements comme la Nuit Blanche, à l’équipe d’accueil d’ouvrir les sacs ou de palper les visiteurs, cela aurait créé une atmosphère lourde. Il nous a dit « ne vous en mêlez pas. Il y a des professionnels pour ça ! » « Lutter » contre la peur et « dédramatiser » sont deux verbes qui reviennent dans la bouche des paroissiens. Un membre du groupe Abraham témoigne « Le mot « musulman » ne doit pas être un mot tabou. Il y a des textes pacifiques dans le Coran. Nous devons pouvoir parler de l’Islam en termes apaisés. »