Écrire un commentaire complet d’une épître majeure de Paul, un auteur que j’ai beaucoup travaillé, est une chance. Lorsque cela m’ a été demandé à la fin de l’année 2011 pour la collection « Commentaire biblique : Nouveau Testament », j’ai longuement hésité avant de répondre par l’affirmative. J’avais déjà presque soixante-dix ans, je ne savais pas combien de temps il me faudrait pour aboutir, ce d’autant plus que j’avais aussi des engagements pastoraux ; et je savais moins encore si je jouirais jusqu’au bout de la santé physique et mentale qui me permettrait d’achever l’entreprise. Des essais sur une ou deux péricopes m’ont conduit à estimer que, si j’acceptais, j’aurais besoin de cinq années pleines pour mener le travail à bonne fin. De soixante-dix à soixante-quinze ans, cela m’a paru viable. J’acceptai.
Le résultat est l’ouvrage que le lecteur a entre les mains. Il ne m’appartient pas de dire s ‘il est bon, médiocre ou mauvais. Je peux ce pendant avouer le plaisir que j’ai eu à l’écrire, au prix de milliers d’heures de recherche, de moments de découragement et de périodes d’enthousiasme. Commenter un texte de façon à la fois synthétique et détaillée permet d’en percevoir tous les aspects. Le risque serait d’être tellement passionné qu’on deviendrait complice de son auteur ou de ses destinataires. Mais un texte, dès qu’il existe, n’appartient plus ni à son auteur ni à ses destinataires. C’est un objet à analyser, marqué par la (ou les) culture(s) d’une époque, qui vaut d’être interprété pour parler aux lecteurs d’une autre époque, très différente de celle qui l’a vu naître. J’ai conscience que mon travail est une œuvre du monde dit « occidental » et du début du xxie siècle, et que dans quelques décennies ou sous d’autres cieux, d’autre s commentaires de la première épître aux Corinthiens mériteront d’être écrits, qui proposeront d’autres analyses et aboutiront à d’autres résultats.
Pour la présente édition, mes remerciements s’adressent d’abord aux responsables de la collection qui ont osé me confier une telle œuvre, principalement Hugues Cousin et Jean-Pierre Lémonon, et qui m’ont prodigué leurs conseils. Je nomme également Daniel Gerber, professeur à la Faculté de Théologie protestante de Strasbourg, qui prépare un commentaire de la même épître pour une autre collection francophone, avec lequel j’ai beaucoup échangé pendant les cinq années de ma recherche et de mon écriture. Ils vont encore à la personne qui a relu tout mon manuscrit pour le mettre aux normes éditoriales ; j’ai nommé Camille-Paul Cartucci. Bien plus qu’un simple correcteur, il a été un lecteur attentif des contenus de mon travail, et m’ a plusieurs fois proposé des aménagements dont j’ai tenu compte. Dans un tout autre domaine, j’ai une grande gratitude envers le Professeur Guy D.R. Sanders et à son équipe de l’American School of Classical Studies at Athens, qui dirigent les fouilles de la Corinthe antique et qui m’ont chaleureusement accueilli pendant une semaine sur le site, en mars 2016. Il me faudrait aussi nommer toutes les personnes que j’ai tenues au courant de mon entreprise et qui, n’étant spécialistes ni de saint Paul ni de la première épître aux Corinthiens, sont suffisamment informées des contenus de cette épître pour se rendre compte qu’un travail quasi-exhaustif sur une telle œuvre peut être d’un grand apport pour la vie ecclésiale.
Puissent l’ Eglise et la communauté scientifique estimer que ces lignes, dont les années à venir confirmeront ou invalideront la solidité, apportent des éléments non négligeables à la compréhension de la première épître aux Corinthiens et à l’œuvre épistolaire de Paul dans son ensemble.
Père Michel Quesnel, Lyon, le 15 juillet 2017 (avant-propos)