« En ce temps pascal, la première épître aux Corinthiens est pour nous source d’espérance. A propos de la résurrection des humains, Paul annonce la destruction des puissances du mal et de Satan lui-même à la fin des temps. Il nous invite à fonder nos vies sur le paradoxe de la Croix du Christ. Il met aussi la Croix du Christ en avant dans un chapitre consacré à l’eucharistie. Dans la culture gréco-romaine antique qui valorise beaucoup le prestige personnel, choisir de s’effacer pour laisser la place à la personne de Jésus, qui seule mérite honneur, était révolutionnaire. J’ai accepté ce projet d’un commentaire exégétique de la première lettre de Paul aux Corinthiens au début de ma retraite. Ce livre est le fruit de cinq années de travail, de 2012 à 2017. Il entre dans la collection ‘Commentaire biblique : Nouveau Testament’ des Editions du Cerf. Cette collection propose un commentaire à deux niveaux. D’abord une étude accessible à un public cultivé, puis un second niveau de notes, plus techniques, qui font place à des questions lexicales, utilisation du grec et de l’hébreu à l’appui. La dernière étude catholique francophone analogue fut celle du P. Allo publiée en 1935. Mon travail s’inscrit dans le renouveau de l’exégèse paulinienne qui, dès les années 1970/1980, a cherché à élargir la compréhension de Paul pour ne pas la conditionner par la lecture héritée de Luther, centrée sur la justification par la foi. Je tiens compte de l’influence sur Paul des cultures juives et grecques du Ier siècle, et de la culture de ses correspondants. J’ai visité en mars 2016 le site de Corinthe. Au temps de Paul, la ville (environ 130 000 habitants) était capitale de province. D’origine grecque, elle avait été détruite en 146 av. JC et rebâtie en 44 av. JC selon les normes romaines, pour y loger des vétérans. Elle abritait des communautés juives de la diaspora. Mon étude prend également en compte les travaux récents sur la correspondance dans l’Antiquité. Paul fait œuvre originale en ayant recours à toutes les ressources de la rhétorique gréco-romaine, ce qui nous incite à reconsidérer des passages où les effets de style et d’exagération dominent.»
[Source : Forum Saint-Eustache, printemps 2018 / #48]