Blandine Delahaye est une  historienne spécialiste des mentalités religieuses, bien connue des oratoriens. Cette automne, elle a publié  aux éditions du Cerf le 4^e volume des lettres de Pierre de Bérulle (1575-1629).

Nous reprenons ici un entretien qu’elle a donné en novembre dernier au journal Ouest-France, et  qui ouvre une perspective sur la carrière politique et diplomatique de Bérulle. En effet, ce quatrième volume de la Correspondance de Bérulle couvre la période de mi-juin 1625 à  fin décembre 1627. Enrichi de nombreuses lettres non publiées, il apporte un nouvel éclairage sur ce grand homme d’action.  

Ouest-France : Qui était Pierre de Bérulle ?

Blandine Delahaye : Il a été l’aumônier de Louis XIII, a fondé l’Ecole française de spiritualité, et, en 1604, a introduit en France le Carmel de sainte Thérèse d’Avila. Il fut surtout à  l’origine de l’Oratoire de Jésus, qu’il fonde en 1611 avec, à  sa mort, plus de quarante lieux d’implantation, dont Le Mans. L’oratoire permet pour la première fois de former spirituellement ceux qui se destinent à  la prêtrise. C’est une préfiguration des séminaires.

Quels faits marquants ont couronné ses talents de diplomate ?

Ce quatrième volume couvre la période qui va de mi-juin 1625 à  fin décembre 1627. Aumônier d’Henriette de France, épouse de Charles 1^er, il l’accompagne en Angleterre. Il interviendra au plus haut niveau pour plaider contre les persécutions des catholiques anglais. Parce qu’il sait négocier avec discrétion et détermination, rechercher des accommodements, se soucier d’avoir l’assentiment du pape, il contribua au traité de Monçon signé entre l’Espagne et la France. Son autorité diplomatique lui permet aussi de prendre part aux préparatifs du siège de La Rochelle.

Comment a-t-il été récompensé de ses efforts ?

Louis XIII est intervenu auprès du pape Urbain VIII pour lui obtenir le cardinalat. C’est la reine mère, Marie de Médicis, qui lui remettra le  » bonnet  » de cardinal, le 26 octobre 1627.

Propos recueillis le 19 novembre 2015. Avec l’aimable autorisation du journal Ouest-France.