Depuis 1922, le diocèse de Paris a confié l’animation de la paroisse Saint-Eustache aux prêtres de l’Oratoire. L’été dernier, pour préparer les années qui viennent, les oratoriens réunis en session, ont décidé d’expliciter la mission de l’Oratoire dans les conditions actuelles. Pour y parvenir lors de la session de l’été prochain, nous avons consulté plus d’une centaine de personnes : oratoriens, membres des équipes pastorales de Saint-Eustache, de Saint-Bonaventure (Lyon), de Saint-Ferréol (Marseille), évêques, paroissiens, chefs d’établissement de l’école Massillon à Paris, de Saint-Martin-de-France à Pontoise, de Saint-Érembert à Saint-Germain-en-Laye, de Saint-Philippe Néri à Antibes-Juan-les-Pins, des membres des réseaux proches de la congrégation.
Il ressort de cette consultation un tableau contrasté : l’Oratoire est une société de prêtres d’une grande fragilité, en particulier en raison de son vieillissement et de l’éparpillement de ses membres. Ce constat n’est pas spécifique à la congrégation dont le nombre n’a jamais été très important. En même temps, notre société de prêtres conserve un réel capital de sympathie et de dynamisme spirituel que nous pouvons encore faire fructifier si nous arrivons à répondre aux attentes des différentes parties prenantes écoutées. S’il y a plusieurs demeures dans la Maison du Père, nous faisons vivre une demeure, en incarnant un christianisme attentif à la dignité de la conscience humaine, « sanctuaire de Dieu » et à la singularité des parcours qui explicitent le mystère de la personne humaine appelée à participer à la vie de Dieu. Dans le domaine de l’éducation, de l’accompagnement spirituel ou de l’animation d’une présence chrétienne en centre-ville, les oratoriens préfèrent le sur-mesure au prêt-à-porter, les questions que pose la fidélité à une vocation baptismale plutôt que les convulsions identitaires.
Nous sommes appelés à imaginer les formes de vie qui permettront à l’Oratoire de répondre à sa vocation dans les contextes urbains, en particulier à Saint-Eustache, et en solidarité avec les diocèses.
Pour répondre aux appels du Ressuscité, sans doute faudra-t-il renoncer aux formes de vie en Oratoire que nous avons connue jusqu’à une époque récente, pour pouvoir imaginer l’avenir auquel nous aspirons pour l’Oratoire ? Comme nous le chantons dans une hymne de l’office : « Comment savoir quelle est ta vie si nous n’acceptons pas notre mort ? ». À la veille d’entamer notre montée vers Pâques, nous avons conscience de la dimension pascale du discernement que nous vivons.
François Picart, supérieur général de l’Oratoire